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, décadents et autres dandys littéraires… 23 août, 2011 blogs parents : * volti subito * paraphes * peigneurs de comètes ♦ publié dans non classé | pas de commentaires » -- jean-philippe salabreuil (1940~1970) 4 juillet, 2019 la neige encore la lucarne s’ouvre sur le gris des cours… et on voit floconner la neige très blanche entre le gilet noir et le gilet rouge hier mis à sécher dans le clair du printemps mais dans leur poche le garçon et la fille ont oublié chacun la première jonquille apparue la veille dans les profondeurs nues du bois maintenant l’oiseau crie sur l’or des temps qui fanent et la neige qui tombe élève la lucarne lentement vers le ciel comme une étoile en moi. publié dans "mots dits" | pas de commentaires » -- paul vincensini (1930~1985) 17 mai, 2019 je n’ai jamais revu cet enfant silencieux qui se lavait les yeux la nuit… dans les rivières je ne l’ai pas revu et ses amies les pierres ne m’ont rien dit tout bas il est près de la mer il s’est crevé les yeux il sort la nuit dans les clairières et tisse avec ses paupières des paniers pour les sourds _____ je vois la femme en cendre descendre le vieil escalier sa lèvre est déchirée ses rêves ont la couleur de son bouquet fané je vois l’homme l’homme fort il grimpe l’escalier en chantant des obscénités il ne voit pas la femme en cendre l’escalier l’homme fort la femme en cendre sont dans la maison que j’ai à jamais quittée _____ moi je passe ma vie à remuer des clés qui font un bruit tout blanc pareil à la lumière qui pend des réverbères enrhumés moi je passe ma vie à agiter des clés et dans mes rares moments de réflexion j’épaissis la poussière qui obscurcit mes chaînes moi je passe ma vie à faire sonner mes chaînes je suis celui qu’on ne viendra plus voir celui qu’on ne voit pas s’agiter dans l’automne moi je passe ma vie à me cacher mes chaînes moi je passe ma vie à essayer des clés ( des paniers pour les sourds , © seghers, 1953.) publié dans "mots dits" | pas de commentaires » -- pierre dalle nogare (1934~1984) 17 mai, 2019 demain demain… je vais construire une maison dans mes nerfs : me servir de bras et jambes, ventres et organes pour édifier mon lieu. être logé-caché dans un domicile clos pour tuer l’enfant que je fus. je revois les tabliers noirs les galoches, l’encre violette. ma tête est un tableau où crisse la craie. demain je vais acheter un moi pour détruire la mort. publié dans "mots dits" | pas de commentaires » -- miriam silesu (1975~1999) 14 mai, 2019 [tableau : august hagborg, 1852~1921] mourir à la fin du poème. **… si on m’ouvrait le ventre, je suis sûre qu’on n’y trouverait pas d’organes, mais cette obscurité dont j’ai l’impression d’être faite, et qui brûlerait celui qui m’approcherait. ** et lorsque je serai morte, donnez mon cœur à manger aux vierges comme l’oiseau du tableau de magritte. ** parfois on n’en peut plus de supporter ce pacte tacite qu’est vivre. et l’on voudrait trahir le secret, le briser. ** on écrit comme on jette du gros sel dans la mer, pour faire remonter les noyés. ** la nuit ne s’ouvre que de l’intérieur. ** ils auront peut-être ma peau, mais ils n’auront qu’elle. ** l’amour est une rencontre avec la vie aux limites de la mort. ** la vie est un problème d’imagination. nous mourrons à la page blanche. ** ce n’est pas parce que les larmes brillent qu’elles éclairent. ** on ne meurt que de n’être pas. l’être est immortel. ** le passé est une vieille maladie à laquelle je voudrais ne plus croire, et à laquelle je crois encore. ** s’il y a des fantômes dans les vieilles maisons, ce ne sont que les morts que nous avons été qui nous cherchent pour se venger de ce que nous leur ayons survécu. ** je t’ai d’abord aimé dans l’au-delà, et dans la vie t’aimer est me souvenir de toi. ** il n’y a que la vérité qui nous sauverait, et la vérité tue. ** toutes ces absences qui ont uni leur faisceau en une pointe unique qui m’a crevé l’esprit. ** le visage dans mes mains j’essaie de voir la nuit, au profond paysage. mais ce ne sont que des larmes qui me brûlent. ** nous pleurons pour faire fondre la nuit. ** seul, tout devient séparation. ** je voudrais seulement savoir où je dois mourir. la solitude est un exil de toute part. ( cinéraire , © lettres vives) publié dans "mots dits" , non classé | pas de commentaires » -- béatrice douvre (1967~1994) 12 mai, 2019 nuit brisée, d’âmes grises, de corps doubles, endoloris de songes, au point du jour. le vent ancien dans le feuillage, vert pâli de la sève, le cœur enflé au fond des eaux, comme un nageur dans l’ombre. et la pierre pétrie de la main pauvre, et des doigts jaunes des voyages, du tabac blond des indes pires. tes yeux de laine et de limons épandent des bruits d’eaux prénatales. s’ils s’ouvrent au monde, une lueur bleue météore les blesse. tu saignes de cécité, de pleurs rivaux, je guide ton errance sertie de sable rouge. nuages, et ton corps est un début de désert gris de peau, mué d’ossements de bêtes ancestrales. une éclipse d’oiseaux devient le vert présage de tes verdures futures ; et les cieux sont couverts aux confins étoilés… dieu poudroie. je suis bénie d’arroche et de tombeaux, afin que naissent en toi, blessé, l’imperfection, et l’agonie, le cri gemmé de la nature ; afin que s’éprenne l’eau de ton visage… ébauche d’une bouche au béant de la source. (poèmes, © l’arrière-pays, auch, 1998) publié dans "mots dits" | pas de commentaires » -- chantal lammertyn (1957~2003) 12 mai, 2019 n’oubliez jamais que votre souci est de comprendre pas besoin de mots… les yeux suffisent à bercer la cendre. pour serrer la main, pour le baiser tendre baiser d’herbes sèches ou mains de coriandre un regard suffit de toute nature, de tous continents une poignée d’amour une aile de novembre cognée de l’hiver biseau et puis ambre un éclat suffit pour faire chanter vos rideaux de nuit. publié dans "mots dits" | pas de commentaires » -- roger milliot (1927~1968) 28 août, 2018 pour une mort choisie il faut laisser cela … a la porte de l’âme il faut entrer léger sur la pointe des pieds dans la mort transparente comme une eau de cascade qui lave les plaies du chemin poser sous le portique le bâton des rancunes vider les poches des cailloux retourner les poussières des coutures se rappeler dans l’air le parfum de bonté de quelques âmes rencontrées gardant le plus léger le plus frais de l’amour pour une claire mort après la vie sans but juin 1967 (qui ? / edition complète et définitive, mostra del larzac, 1969.) publié dans "mots dits" | pas de commentaires » -- jean sénac (1926~1973) 28 août, 2018 simplement un instant simplement un instant pouvoir poser ma tête… sur ton cœur et penser que tout n’est pas si vain, et me réconciliant avec des joies honnêtes, oublier que l’amour trompe plus que le vin . approcher lentement mon désir de tes lèvres, les effleurer, garder ton haleine sur moi, agrandir ta pupille au-delà de la fièvre et que ton œil si grand soudain paraisse étroit. tu fuis, ta gentillesse est nerveuse et complice de mon geste qui donne à ta peau son éclat. tous les ruisseaux du sud ont couru sur tes cuisses et l’ongle de la mer a lacéré tes bras. poulain des sables francs, tu mords et tu rutiles, tu gambades, naïf aux rires de copeaux, ton corps est ce long golfe où la raison s’exile, o toi qui ris lorsque je dis que tu es beau ! l’aube va se lever avec ses coups de pioche, chacun de son côté s’enchaîne à son travail, mais moi je porterai ton regard d’eau de roche, et toi, garderas-tu ma main sous ton chandail ? publié dans "mots dits" | pas de commentaires » -- jean-philippe salabreuil (1940~1970) 28 août, 2018 chiffonneries ces poèmes-là … j’en ferai des serpillières pour éponger voyez-vous ça le lait renversé des neiges la poésie ne sert à rien je ne tricote pas le monde je rechiffonne le terrain j’essuie la lune entre les tombes eh bien à force de fourbir quelque chose reflamboie je ne sais quoi de clair sur la lyre je ne sais quoi d’aurore sur les croix oh pas fort pas dru pas libre a peine encore un frais printe